Nicolas de Staël & la Chartreuse
En 1934 , Nicolas de Staël visite la Grande-Chartreuse . Les Chartreux ayant été expulsés en 1903 .
« Et cette »Grande Chartreuse ». Non , Papa je vous assure que vous ne la trouverez pas belle. Dans un pays superbe , ah non! comment ces rocs bleutés , ces sapins, mais ces sapins ils écrasent par leur beauté toute la Chartreuse . Et tous ces éléments que donne ce paysage , l’architecte s’en fiche, et dessine dans une cellule .
Il n’ y a qu’une excuse. Les chartreux obligés à construire sur le modèle de toutes les chartreuses du monde se sont dit : il faut se résigner , mais comme tout le pays est couvert de forêts , on mettra des tuiles en bois de sapin . (…)Toutes ces bâtisses se laissaient regarder agréablement . Mais maintenant cette abbaye complètement restaurée , repeinte , avec une toiture où l’on n’ a pas ménagé le fer-blanc qui rouille et cette rouille qui salit des tuiles banalement grises.
Il est nu ce cloître dans un pays noblement habillé . La conception architecturale de l’ensemble répond aux exigences de la vie monacale c’est normal .
Mais les décorations sont innommables . Il y a un portrait dans la salle des chapitres qui est fort bon , puis rien , rien- affreux-Evidemment s’il y avait un moine pour nous recevoir à la place de ce crétin de guide … mais ce n’est pas » Nicolas de Staël Lettres 1926-1955 . Editions Le Bruit du Temps .
Je suis à peu près certaine que le guide doit aujourd’hui être mort . On voit là combien l’actuel Musée de La Grande – Chartreuse aurait pu l’éclairer sur l’histoire de ce monastère et son architecture . Heureusement il a vu la beauté du Massif … Depuis le retour des moines à la Grande-Chartreuse , les bâtiments n’ont cessé d’être entretenus . Notamment la récente réfection des toitures est admirable . Quant à la décoration intérieure , je ne pourrai malheureusement jamais en juger , le monastère étant interdit aux femmes .
Après un repas à La Brévardière , n’hésitez pas à visiter le magnifique Musée et à marcher jusqu’au monastère afin de confronter votre regard à celui du peintre .